LES ETATS DU DESIR 2.
LES YEUX DESERTS / L'INSTALLATION
Idée, conception: Lena Paugam
Vidéo : François Hébert et Olivier Strauss
Design sonore, composition: Clément Vercelleto
en collaboration avec huit élèves de la promotion 2017 du CNSAD
Création 2015
Voici le parcours des Yeux déserts, tel qu’il a été présenté aux spectateurs, le samedi 17 janvier 2015. Pour la salle Louis Jouvet du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, Lena Paugam a conçu un dispositif déambulatoire qui pouvait accueillir une trentaine de personnes. La durée de la proposition était de quarante-cinq minutes.
Il a été repris quatre fois dans la même journée.
Partie 1 – BROUILLARDS
Création sonore réalisée par Clément Vercelletto
Durée 5mn
Pour accueillir les spectateurs, j'ai demandé à une dizaine d’élèves comédiens qui étaient alors en première année au conservatoire d’apprendre certains fragments de texte. J’ai enregistré leur voix lisant ces morceaux de textes, des dialogues tirés de Claudel, Koltès, Beckett, Duras et Norén. Clément Vercelletto les a mixés en direct avec une de ses compositions musicales en jouant sur l’alternance des sources sonores.
Voici la sélection de textes choisis pour être enregistrés par les comédiens :
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« Et maintenant : où ? Par où ? Comment ? Seigneur ! Par ici ? c'est un mur, on ne peut plus avancer ; ce n'est même pas un mur, non, ce n'est rien du tout ; c'est peut-être une rue, peut-être une maison, peut-être bien le fleuve ou bien un terrain vague, un grand trou dégoutant. Je ne vois plus rien, je suis fatiguée, je n'en peux plus, j'ai chaud, j'ai mal aux pieds, je ne sais pas où aller, Seigneur ! […] Nous sommes devant un mur, Maurice, on ne peut plus avancer. Dites-moi ce que l'on doit faire, maintenant, dites donc dans quel trou vous préférez qu'on tombe." (Extrait de QUAI OUEST de Bernard-Marie Koltès)
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« Rien à faire.
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Je commence à le croire. J'ai longtemps résisté à cette pensée, en me disant, Vladimir, sois raisonnable. Tu n'as pas encore tout essayé. ET je reprenais le combat. » (Extrait de EN ATTENDANT GODOT de Samuel Beckett)
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"J'ai plein mon cœur d'ennui. Je ne sais rien et je ne peux rien." (Extrait de TETE D’OR de Paul Claudel
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"Que désires-tu ?
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« Si vous marchez dehors, à cette heure et en ce lieu, c'est que vous désirez quelque chose que vous n'avez pas, et cette chose, moi, je peux vous la fournir… […] je vois votre désir comme on voit une lumière qui s'allume, à une fenêtre tout en haut d'un immeuble, dans le crépuscule. […] je ne veux pas endurer de refus. […] je ne suis pas là pour donner du plaisir, mais pour combler l'abîme du désir, rappeler le désir, obliger le désir à avoir un nom, le traîner jusqu'à terre, lui donner une forme et un poids, avec la cruauté obligatoire qu'il y a à donner une forme et un poids au désir. Et parce que je vois le vôtre apparaître comme de la salive au coin de vos lèvres que vos lèvres ravalent, j'attendrai qu'il coule le long de votre menton ou que vous le crachiez avant de vous tendre un mouchoir, parce que si je vous le tendais trop tôt, je sais que vous me le refuseriez, et c'est une souffrance que je ne veux point souffrir. » (Extrait de DANS LA SOLITUDE DES CHAMPS DE COTON, de Bernard-Marie Koltès)
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« Vous n'avez jamais rien voulu peut-être.
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Vous croyez.
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Je crois, jamais.
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C’est possible, jamais rien. Peut-être que ce qu'il y a c'est ça, c'est que je ne veux jamais rien. » (Extrait des YEUX BLEUS CHEVEUX NOIRS de Marguerite Duras)
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Oui, c'est ça, c'est ça, c'est ça. Oui, c'est ça, c'est ça, c'est ça.
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Nous étions dans notre maison sur l'île de Gotland… c'est ça que je cherche à dire. C'est là-bas que c'est arrivé. Si je me souviens bien. De toute façon, ça n'a pas d'importance. Nous y sommes restés quatre semaines à peu près, comme d'habitude. A peu près. On ne pouvait pas rester plus longtemps. C'était le troisième été après avoir acheté la maison. On a toujours aimé aller là-bas. On s'y est toujours senti très à l'aise. On y avait trouvé le calme et la détente. Oui, on avait eu l'impression finalement de rentrer chez nous, quand on l'avait achetée… qu'est-ce que ça veut dire. Rentrer. C'est une impression étrange. C'était comme de rentrer dans quelque chose dans ce monde… C'était une ruine quand on l'a achetée. Rentrer dans une ruine. Elle n'est pas bien grande. En fait, c'est trois ruines, et tout doucement, on a commencé à les retaper. Nous ne sommes pas pressés. Nous pensons que nous allons vivre éternellement. On y a déjà mis pas mal d'amour, de soins et énormément d'argent. Refait les sols, la toiture, rasé les murs, un nouveau crépi, installé de nouvelles fenêtres et une cuisine toute neuve dans l'une des ruines, celle qu'on a l'intention d'achever en premier pour qu'on puisse s'y installer pendant qu'on retape les deux autres. On a planté deux platanes allemands et un noyer de sept ans et je ne sais pas combien de rosiers, de cerisiers et de pruniers. J'aimerais aussi planter un acacia, avec la lumière ça donne une belle ombre, et plus tard quelques figuiers. On a eu un "rosier de la Saint-Jean" Finlandais par un bon ami qui est marié avec une finlandaise, elle s'appelle… Katharina, et j'ai l'intention de planter deux "rosiers de miel" qui peuvent grimper jusqu'à six sept mètres. On se disait que dans quelques années on pourrait tenter de s'installer pour toujours et de vivre là-bas… mais j'ai vingt ans de plus que Sophie. On pourrait s'en servir comme base pour notre activité… Quelle qu'elle soit… le vieillissement. Mais cet été, cet été, là, j'y suis allée avec des livres de Hannah Arendt et de Heidegger… cet été il s'est passé quelque chose … une chose aussi inattendue qu'inexplicable. Surtout quand on songe qu'on en a si peu profité jusque-là. Ça a été un véritable bouleversement, mais qui s'est fait en douceur. Ça ressemble à un récit de tremblement de terre, on s'est assis à regarder le désert par une grande fenêtre et tout d'un coup tout se met à trembler et la fenêtre est brisée et tout est cassé dans la maison. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Ce qui s'est passé c'est qu'on en a perdu le désir. Tout d'un coup. Inexorablement. On arrivait à peine à comprendre ce qui se passait. On avait perdu le désir, de tout. Tous les deux, en même temps, mais chacun dans son coin… je veux dire… sans que l'autre soit au courant. C'est de ça qu'on a peur. Quand on sent que l'autre éprouve la même chose, alors là, c'est pour toujours. Notre désir pour ce lieu, pour cette maison, était mort. J'ai cru que j'étais le seul à le ressentir, ça me faisait de la peine de m'en apercevoir, et je ne voulais rien dire, j'espérais que ce serait passager, juste une ombre. Mais quelques jours plus tard, un soir, alors qu'on était assis dans le jardin et qu'on mangeait des pâtes, Sophie se tourne vers moi et elle me dit tranquillement –
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Je ne l'aime plus.
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Non.
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La maison, je veux dire. Je ne l'aime plus.
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Non, je sais.
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Je ne veux plus venir ici.
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Moi non plus. J'en ai perdu le désir.
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J'en ai perdu le désir.
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Moi aussi. » (Extrait de TRISTANO de Lars Norén)
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Que désires-tu ?
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"Ne me refusez pas de me dire l'objet, je vous en prie, de votre fièvre, de votre regard sur moi, la raison, de me la dire ; et s'il s'agit de ne point blesser votre dignité, eh bien, dites la comme on la dit à un arbre, ou face au mur d'une prison, ou dans la solitude d'un champ de coton dans lequel on se promène nu la nuit ; de me la dire sans même me regarder. Car la vraie seule cruauté de cette heure du crépuscule où nous nous tenons tous les deux n'est pas qu'un homme blesse l'autre, ou le mutile, ou le torture, ou lui arrache les membres et la tête, ou même le fasse pleurer; la vraie et terrible cruauté est celle de l'homme ou de l'animal qui rend l'homme ou l'animal inachevé, qui l'interrompt comme des points de suspension au milieu d'une phrase, qui se détourne de lui après l'avoir regardé, qui fait, de l'animal ou de l'homme, une erreur du regard, une erreur du jugement, une erreur, comme une lettre qu'on a commencée et qu'on froisse brutalement juste après avoir écrit la date. » (Extrait de DANS LA SOLITUDE DES CHAMPS DE COTON de Bernard-Marie Koltès)
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« Que désires-tu ? - Rien…. Qu'une chambre quand il neige et que personne ne sache où je suis." (Extrait de TETE D'OR de Paul Claudel)
Les comédiens étaient vêtus de longs manteaux noirs. Tout d’abord figés, ils se mettaient à parler seuls et petit à petit s’approchaient des spectateurs pour leur murmurer quelques mots à l’oreille avant de repartir. Certains acteurs, ceux qui n’ont pas eu le temps d’apprendre les textes les plus longs, portaient une oreillette qui leur soufflait ce qu’ils avaient à dire. Les spectateurs étaient accueillis dans la salle plongée dans le noir et le brouillard. La lumière rasait le sol et de très faibles rayons effleuraient la fumée pour qu’elle apparaisse. Cette entrée du public durai cinq minutes.
Partie 2 - LE LIT - PETITE ET GRANDE HISTOIRE
Création vidéo conçue par François Hébert, Lena Paugam, et Olivier Strauss.
Durée : 20 minutes
Un film était projeté à l’intérieur d’un espace blanc, de cinq mètres sur cinq mètres, situé au centre de la salle. Ce film a été pensé avec François Hébert. Il a été monté par et avec Olivier Strauss. Le film expérimental que nous avons conçu est composé de deux parties diffusées simultanément sur les murs d’une chambre blanche – deux toiles parallèles de 5m sur 5m – et sur un lit blanc en fonte renversé, penché et suspendu à 4 m de hauteur. Pour assister à la projection, les spectateurs entrent dans la chambre (délimitée par les deux toiles écrans, deux rideaux de fils blancs pour les deux autres murs et un tapis en linoléum blanc au sol).
Le montage juxtapose des panneaux d’écriture, des citations de film de cinéma, des images d’archives historiques, des fragments de clips trouvés sur internet et des séquences que nous avions tournées nous-mêmes. On y trouve des extraits de film de Woody Allen, Pedro Almodovar, Ingmar Bergman, Robert Bresson, Luis Buñuel, Charlie Chaplin, Sacha Baron Cohen, Gilles Deleuze, Walt Disney, Carl Theodor Dreyer, Marguerite Duras, Serguei Eisenstein, Federico Fellini, David Fincher, Jean Luc Godard, Michael Haneke, Elia Kazan, Krysztof Kieslowski, Stanley Kubrick, Fritz Lang, Annie Lebrun, Louis Nicolas et Auguste Marie Lumières, David Lynch, Edgar Morin, Friedrich Wilhelm Murnau, Claire Parnet, Pier Paolo Pasolini, Artavazd Pelechian, Alain Resnais, Roberto Rossellini, Jean Rouch, et Jacques Tati. Le contenu des films projetés sur les deux supports est différent. Sur les murs de la chambre, le film « A » expose de façon elliptique le processus historique du tarissement des désirs ; sur le lit suspendu, appelé « lit d’Oblomov », le film « B » met en scène le regard et la rêverie d’une femme clouée au lit. L’ensemble du montage dure 20 minutes.
Partie 3 - EN-QUETES
Expérience participative.
Cinq protocoles d’entretiens pensés dans le cadre du laboratoire mené par Lena Paugam avec huit élèves de la promotion 2017 du CNSAD.
Durée 20mn
Après la projection du film, deux acteurs prenaient la parole et proposaient une expérience aux spectateurs : ils faisaient face à trois écrans de télévision où étaient diffusés simultanément trois films présentant un montage réalisé par Roman Jean-Elie: des yeux qui se ferment ou s’ouvrent, des moitiés de visages se succédant rapidement les uns aux autres.
Au micro, la comédienne, Léa Tissier, se mettait à lire une série de questions auxquelles les spectateurs étaient invités à répondre : Si leur réponse était « oui », ils devaient garder les yeux fermés ; si leur réponse était « non », ils les devaient les ouvrir. Le jeu durait cinq minutes. Les questions étaient ainsi posées que les spectateurs fermaient tous les yeux et se laissaient aller à imaginer les sensations physiques évoquées par la voix calme et douce de Léa Tissier.
« LA COMEDIENNE : Je vais vous poser quelques questions auxquelles vous pourrez répondre par oui ou par non. Mais au lieu de dire oui, fermez-les yeux. Et au lieu de dire non, ouvrez-les. Est-ce que tu as faim ? Est-ce que tu as soif ? Est-ce que tu as envie d’un verre d’eau ? Est-ce que tu as envie de boire un grog ? Est-ce que tu as envie d’un vin chaud ? Est-ce que tu as envie de boire un Jack Daniels ? Est-ce que tu as envie de boire du white spirit ? Est-ce que tu as envie de boire un chocolat chaud ? Est-ce que tu as envie de boire un verre de vin rouge ? Une bière ? Est-ce que tu as envie de boire un thé ? Est-ce que tu as envie d’une infusion ? Est-ce que tu as envie de boire un bol d’eau de javel ? Est-ce que tu as envie de boire un jus de fruit frais ? Est-ce que tu as envie de boire dans une noix de coco avec une paille ? Est-ce que tu as envie de prendre un bain ? Est-ce que tu as envie de prendre un bain moussant ? Est-ce que tu as déjà uriné sur une piqure de méduse pour soulager la douleur ? Est-ce que tu as déjà mangé une religieuse au chocolat ? Une tarte au citron ? Est-ce que tu as déjà mangé un éclair au café ? Est-ce que tu as déjà mangé un cake au miel ? Une charlotte aux fraises ? Une forêt noire ? Un bout de gomme ? Est-ce que tu as déjà mangé du savon ? Est-ce que tu as déjà pensé à avaler le doigt de quelqu’un ? Est-ce que tu as déjà fait du bateau, de la voile par exemple ? Est-ce que tu t’es déjà retrouvé sur un bateau en pleine mer ? Est-ce que tu as déjà vu un bateau ? Est-ce que tu t’es déjà promené dans un port ? Est-ce que tu t’es déjà arraché la peau du pouce avec les dents ? Est-ce que tu as déjà pensé à mordre quelqu’un ? Est-ce que tu as déjà pensé à mordre l’oreille de quelqu’un ? Est-ce que tu as déjà pensé à mordre ses orteils ? A mordre ses paupières ? Est-ce que tu as déjà pensé à mordre le creux du genou de quelqu’un ? Son poignet ? Son cou ? Le lobe de son oreille ? Est-ce que tu as déjà reçu des petits baisers dans le creux du cou ? Sur le ventre ? Dans le bas du dos ? Sur l’avant du genou ? Est-ce que tu as déjà reçu des petits baisers sur chacun de tes doigts ? Est-ce que tu as envie de déjeuner dans un jardin ? Est-ce que tu as déjà embrassé quelqu’un couché sur l’herbe ? Est-ce que tu as déjà fait l’amour avec quelqu’un, la nuit, dans un jardin ? Est-ce que tu t’es déjà baigné dans une mer chaude ? Est-ce que tu as déjà plongé ton pied dans le sable ? Est-ce que tu as déjà mordu dans une pastèque fraîche ? Est-ce que tu as déjà eu envie de faire une sieste sur le sable chaud ? Est-ce que tu as déjà tenu la main de quelqu’un ? Est-ce que tu as déjà regardé quelqu’un droit dans les yeux ? Est-ce que tu as déjà regardé quelqu’un dormir ? Est-ce que tu t’es déjà endormi(e) près de quelqu’un que tu aimes ? Est-ce que tu as déjà caressé les mains de quelqu’un ? Est-ce que tu as déjà été ému(e) par le parfum de quelqu’un ? Est-ce que tu as déjà senti le parfum de quelqu’un alors que tu étais dans ses bras ? Est-ce que tu as déjà touché les cheveux d’une personne ? Est-ce qu’ils étaient doux, soyeux ? Est-ce qu’ils appartenaient à quelqu’un d’important pour toi ? Est-ce que tu as déjà parlé à quelqu’un sans regarder l’heure ? Est-ce que tu as déjà discuté avec quelqu’un toute une nuit ? Est-ce que tu t’es déjà promené avec quelqu’un sur la plage ? Est-ce que vous étiez proches ? Est-ce que tu sentais la chaleur de son corps alors que vous ne vous touchiez pas ? Dans cette lumière bleue, tu aurais eu envie d’une bouteille à la mer. Merci. »
Ensuite, les spectateurs étaient invités à se diviser en quatre groupes. A chacun des quatre coins de la salle, une petite pièce de 4m/4m était aménagée. Il restait quinze minutes. Quatre protocoles d’expérience étaient proposés :
1. Dans la première salle, les spectateurs étaient invités dans une salle recouverte de papiers de différentes couleurs. Après avoir choisi cinq papiers de chaque couleur, ils s’installaient à une table et répondaient par écrit aux questions intimes qui leur étaient posées. Ils disposaient ensuite eux-mêmes leurs réponses sur le mur. A la fin de l’expérience, on pouvait découvrir ces messages d’intimités anonymes à lire comme sur une grande fresque.
2. Dans la deuxième salle, une table de jardin était dressée. Deux comédiennes proposaient du thé, du jus de fruits et des biscuits aux spectateurs qui venaient s’assoir près d’elles. Ici, un jeu était proposé. Il s’agissait de faire le portrait chinois du désir. On se demandait : Que serait le désir, s’il était une matière ? Que serait-il, s’il était un son ? S’il était un animal ? S’il était une partie du corps ? Etc. L’expérience collective était enregistrée. Avant de sortir, les participants tentaient de dessiner le désir.
3. Dans la troisième salle, on proposait à un spectateur volontaire de venir s’assoir derrière une toile de tulle blanc où un petit salon était disposé. Le spectateur était installé face à une caméra qui le cadrait en plan américain. Eclairé par une lampe de chevet disposée près de lui, il ne pouvait pas voir les autres spectateurs qui l’observaient à travers la transparence de la tulle. Un casque lui était donné ; il y écoutait une voix enregistrée. (Le texte entendu par ce protagoniste était imprimé sur une feuille distribuée à ceux qui regardaient la scène depuis les bancs disposés de l’autre côté du rideau.) Dans le casque, la voix parlait de musique, de l’état que provoque la musique. Puis, elle invitait à réfléchir au désir, aux différentes formes qu’il peut prendre et aux sensations physiques qu’il fait advenir. Des questions étaient ensuite posées. Le spectateur volontaire pouvait choisir d’y répondre ou de passer à la suivante. Il pouvait également sélectionner des morceaux de musiques dans une liste proposée. Tous les spectateurs pouvaient entendre ces morceaux.
4. La quatrième salle était également divisée en deux parties. Un spectateur volontaire était invité à s’installer dans un petit espace confiné plongé dans le noir. Assis dans un fauteuil confortable, une lumière bleue l’éclairait. Une centaine de plumes blanches synthétiques étaient suspendues en mobile au-dessus de lui. Pendant ce temps, assis dans une salle d’attente meublée de tapis, de vieilles chaises et de nombreux cadres vides, les autres spectateurs écoutaient ce qui se passait dans l’autre pièce. Une comédienne posait des questions. Pour y répondre le spectateur volontaire parlait dans un micro et le son était diffusé dans la « salle d’attente ». Ces entretiens étaient enregistrés. Il était proposé au spectateur y ayant répondu d’en recevoir la trace par email.