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APRES NOUS, LES RUINES

 

Quatre saisons et la catastrophe qui s’étale dans le paysage, avale sans crier gare les ami.e.s qui déjeunaient là, dans le parc, la première fois paraissant si tranquilles, si tendrement liés. Quatre saisons et le dérèglement des intimités, la disparition progressive des uns et des autres, en silence, l’effacement des données, l’abandon des certitudes. le retour cyclique des petites choses, la nappe sur le gazon, le pique-nique, la saveur du gâteau, la promenade autour du lac, et la dissolution du langage, lettre par lettre, de façon invisible.
Avec une immense sensibilité, Pierre Koestel livre ici une pièce fascinante en explorant la fragilité du monde d’après l’accident nucléaire, d’après Tchernobyl et d’après Fukushima.


Après nous, les ruines - lauréat du Grand Prix de Littérature dramatique Artcena 2023 - a été mis en espace par Lena Paugam en décembre 2023 à Théâtre Ouvert avec quatre interprètes issu.e.s de l’école du Théâtre national de Bretagne. Le texte est publié aux éditions Tapuscrit | Théâtre Ouvert.


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Création en salle prévue pour mars 2026 à Théâtre Ouvert - centre national pour les dramaturgies contemporaines

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Interprétation
Esther Armengol,

Charlotte Leroy,

Paolo Malassis,
Ramo Jalilyan


Scénographie
Clara Georges Sartorio


Création sonore
Lucas Lelièvre


Création vidéo
Katell Paugam


Création lumières
Jennifer Montesantos


Production
Valérie Teboulle, pour la Compagnie Alexandre

Coproductions (en cours)
Théâtre Ouvert - centre national des écritures contemporaines (Paris), Scènes du Golfe (Vannes), Théâtre du Pays de Morlaix (Morlaix), L'Archipel - espace culturel de Fouesnant - Les Glénan.

 

Avec la participation du fonds de soutien à l'insertion professionnelle de l'école du TNB
 

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à propos du texte du spectacle qui sera créé en mars 2026...

«Qu’est-ce qui change quand rien ne semble avoir changé? C’est quelque chose d’impalpable. Comme une ellipse dans le cours du temps, l’ombre d’un disque sur une surface plane. Un sentiment d’intranquilité, ou pour le dire avec les mots d’Akutagawa, les derniers qu’il ait tracé avant son suicide, «une vague inquiétude»: subsiste dans le coeur quelque chose qui menace de s’effondrer.»


Mickaël Ferrier, Fukushima, récit d’un désastre

 


Il m’a été donné de rencontrer Pierre Koestel en janvier 2023 à l’occasion d’un atelier d’exploration théâtrale avec la promotion 11 de l’école supérieure du Théâtre national de Bretagne, une laboratoire d’une semaine à découvrir la pièce Après nous, les ruines, sélectionnée parmi des dizaines de textes par les élèves comédien.ne.s. Comment nait un texte? D’où part l’écriture? Quelle est son chemin? Comment une pièce dramatique fonctionne-t-elle? Comment la déplier, la démonter pour en analyser les morceaux, puis les faire vivre en la mettant en scène au plateau avec la voix et le corps des interprètes? Très vite, j’ai compris que ce qui palpitait dans la langue de Pierre Koestel résonnait et chantait avec l’esthétique et les problématiques portées en scène dans mes créations. J’ai été séduite par les défis que cet auteur si fin, si sensible, pose à la scène à travers cette série de conversations à première vue tout à fait superficielles et légères et pourtant savamment constellées d’indices pour décrypter le drame qui se joue entre les mots.


Quatre journées en quatre saisons, ou parties, de tailles et durées inégales, composent Après nous, les ruines. Par un jeu de répétition / variation tout à fait saisissant, Pierre Koestel décrit admirablement la sensation du délitement. La sérialité lui permet de décomposer délicatement le tableau bucolique initial et de donner à percevoir, avec finesse et non sans humour, l’impact écologique sur les relations inter-humaines. Pierre Koestel travaille l’infiniment petit, le détail récurrent dans la peinture du minimal sensitif. Il aborde avec une admirable douceur, le sentiment de la catastrophe comme une sensation de globalité. Celle-ci nous lie, tout en nous isolant, nous éloignant les uns des autres. Quelles sont les places de l’amitié et de l’amour dans ce paysage en décomposition? Ce qui est en jeu ici, c’est la question du lien éco-systémique, de notre rapport fondamental au vivant dans le contexte d’un traumatisme épocal.


Dans son livre sur la catastrophe nucléaire de Fukushima, Mickaël Ferrier écrit «Sans mots pour la dire, l’histoire est condamnée à disparaître». C’est bien de cette disparition qu’il est question ici entre les personnages qui évitent de se saisir des mots pour affronter l’effondrement, qui s’accrochent à tout prix au plaisir de se retrouver pour passer une bonne journée et tremblent à l’idée d’avouer le dysfonctionnement qui les affligent. C’est alors aux corps de signifier si les langues s’avèrent closes ou sidérées, à ces corps dépassés par la vie qui gronde son besoin d’expression. Tout comme ce sera également aux ellipses, aux silences, aux syncopes, aux paysages vivants, de révéler, au côté des mots troués, ce qui est enfoui et de défricher la mémoire pour réveiller les compassions. Travaillant comme un orfèvre à peindre l’invisible pour la scène du théâtre, Pierre Koestel nous offre un formidable terrain d’exploration."

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(Lena Paugam)

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