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DE LA DISPARITION DES LARMES

 

Texte: Milène Tournier

Conception, et interprétation:  Lena Paugam

Création sonore: Lucas Lelièvre

Création lumières: Jennifer Montesantos

Scénographie: Léa Gadbois-Lamer, Jennifer Montesantos, Lena Paugam

Accompagnement chorégraphique: Julien Gallée-Ferré et Bastien Lefèvre

Régie son: Nicolas Maisse

Régie Lumière: Mathis Fakhri

Création 2021

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Troisième et dernier volet de la série de portraits de femmes modernes en amour, De la disparition des larmes prend la forme d’une performance musicale où, à travers le corps et la voix d’une comédienne, le réel d’une poésie slamée vient se frotter à la fiction théâtrale.

 

Ce projet est issu d’une commande de la Péniche Pop à partir d’un Lamento de Barbara Strozzi, (Diporti di Euterpe, op.7 - n°4). Ce morceau étend le moment suspendu universel et incommensurable de la plainte. Ici, l’autrice Milène Tournier, le créateur sonore Lucas Lelièvre et la metteure en scène et interprète Lena Paugam s’étonnent de la disparition progressive des larmes dans le monde moderne et se demandent comment le temps court et s’arrête parfois. En quelle mesure les lamentations sèches de la femme qui nous parle sont-elles contraires au sens de l’Histoire ? Y aurait-t-il un parallèle à faire entre le réchauffement climatique et la pétrification de sa vie ? En quoi le retour des larmes y ferait-il révolution ? 

 

Le texte est adressé à un spectateur inconnu, dont on ne sait plus rien, qui a disparu depuis longtemps et qui, peut-être, est dans la salle. Celle qui parle a 35 ans mais pourrait en avoir mille. Elle fait partie de ces gens qui traversent le monde en invisibles, qui existent sur les marges. Elle occupe ses journées avec les vieux de son immeuble. D’un appartement à l’autre, celui de Madame A., de Monsieur B., de Monsieur C., elle peuple les solitudes et met son corps au service des solidarités muettes. Depuis la tour de banlieue où elle habite, immobile depuis vingt ans, restée là à attendre celui qui est parti, elle observe les nuages, collectionne des phrases, regarde BFM, et médite chaque jour sur ce qui reste et ce qu’on oublie.

 

La création du spectacle a eu lieu le 29 juin 2021

à La Ville Robert - espace culturel de Pordic (22)

 

PRODUCTION : Compagnie Alexandre

COPRODUCTION :  Théâtre du Champ-au-Roy (Guingamp),

La Ville Robert (Pordic),

Le Quai des Rêves (Lamballe)

et Le Pont des Arts (Cesson-Sévigné).

DIFFUSION : CPPC – Centre de production des paroles contemporaines.


 

 

Au cours du mois de décembre 2020, avec le soutien du centre culturel de La Ville Robert à Pordic (22), ont été enregistrés plusieurs extraits du texte de Milène Tournier DE LA DISPARITION DES LARMES.

 

Ce texte, lu ici par Lena Paugam, devait être créé pour la scène en novembre 2020. Les dates de représentations publiques ont été reportées sur la saison 21-22

DE LA DISPARITION DES LARMES (Teaser n°1)

DE LA DISPARITION DES LARMES (Teaser n°1)

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L’APPARITION AU CONDITIONNEL DE "DE LA DISPARITION DES LARMES"

Article de Joëlle Gayot 

Publié sur le site du Théâtre National de Bretagne en novembre 2020.

« Devant la glace le soir, assise sur le canapé toute droite comme le haut d’un boa figé parmi sa jungle … » : Si vous étiez rentré·e·s le 13 novembre 2020 à 20h30 dans l’Auditorium du Pont des Arts, la voix d’une actrice se serait glissée dans les points de suspension qui suivent le mot Jungle. 

Cette comédienne s’appelle Lena Paugam. Elle sait conjuguer les mouvements de son corps au phrasé de sa profération. Elle est souple dans la prise de parole. Elle ondule au rythme des paroles qui jaillissent. Sa voix grimpe et dévale les mots de Milène Tournier, ralentissant, accélérant, scandant, slamant, intensifiant une parole contemporaine qui va fouiller du côté de la marge, des invisibles, de ces femmes qu’on croise sans les voir au détour du quartier, ces femmes à qui on ne tiendrait pas la porte si on les croisait au pied de nos immeubles. 

 

De la Disparition des larmes (c’est le titre) n’est pas un traité philosophique mais un brûlot humaniste. Le texte (un monologue) convoquerait donc devant vous une héroïne qui refuse de laisser le temps ensevelir sa peine, son amour de jeunesse et ces mots en cascade qui charrient d’autres maux, plus intimes et secrets, trop longtemps reclus dans le silence. Cette femme ne sait plus et ne peut plus pleurer. Ses larmes se sont taries 15 ans auparavant lorsque l’homme qu’elle aimait a déserté sa vie. Que devient-on lorsqu’on ne sait, lorsqu’on ne peut plus pleurer ? Est-ce qu’on s’assèche de l’intérieur ou, au contraire, est-ce qu’on se transforme en un vaste lac invisible, contenu dans nos veines, nos entrailles, nos muscles et auquel notre peau oppose sa résistance, pour empêcher l’inondation,  maitriser le débord, conjurer le naufrage ?

 

Sur un plateau noir et luisant comme une flaque immense, la comédienne sillonnerait un labyrinthe de fils. Pampilles éclatées en autant de gouttes de pluie, de gouttes salées d’eau de mer, de gouttes légères perlant au coin des yeux. Cette femme fût, nous dit Lena Paugam « une jeune fille qui autrefois écrivait sur sa peau les mots qui lui paraissaient beaux. » Elle est devenue, nous dit encore Lena Paugam, « une femme solitaire qui collectionne les vidéos que personne ne regarde sur la toile. » Une femme qui retient ce qu’elle peut des souvenirs, des petites choses de l’existence, des sentiments passés, des émotions envolées.

 

Vous auriez entendu, prenant sa place sur ce plateau liquide, un sublime chant de Barbara Strozzi. Lagrime mie ce qui veut dire « Mes larmes », un lamento étiré à l’extrême par Lucas Lelièvre. Étiré au point de devenir une matière sonore, une nappe concrète, obsédante, hypnotique. Vous auriez sans doute fermé les yeux. Vous vous seriez abandonné·e·s à cette traversée sensorielle. Vous auriez su, alors, ce qu’il en est d’une solitude qui parle à d’autres solitudes.

 

— Joëlle Gayot

(https://www.t-n-b.fr/polaroid-de-la-disparition-des-larmes)

DE LA DISPARITION DES LARMES, LA VIE EN SUSPENS

Article de  Marie-Céline Nivière

Publié sur le site de L'Oeil d'Olivier, en juillet 2021, à l'occasion du festival d'Avignon.

"Dans une épure totale, dans une langue musicale écrite au rythme du slam par Milène Tournier, Lena Paugam, avec une belle sensibilité,  nous fait entendre les méandres d’une pensée en dérive. Ce soir, parce qu’il en est ainsi, parce que c’est monté en elle comme une aspiration, une jeune femme libère sa parole. Elle a 35 ans, paraît tantôt plus, tantôt moins. À l’adolescence, elle a connu le grand amour et l’a perdu. Depuis, elle attend dans cette tour perchée dans la ville où autrefois se nichait leur amour. Elle l’attend ! Alors, elle s’est accaparée cet immeuble devenu pour elle sa tour d’ivoire. Elle nous raconte comment à chaque étage, chaque recoin, auprès de chaque habitant, elle a déambulé sa peine et appris à regarder le monde. On peut parfois s’égarer dans le dédale de sa pensée, mais on récupère le chemin de son raisonnement au détour d’une image, d’un sentiment, d’un silence. Et comme elle, on trouve Les larmes qui, rappelons-le, nous soulagent. Et c’est beau !"

(https://www.loeildolivier.fr/2021/07/de-la-disparition-des-larmes-la-vie-en-suspend/)

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